À quelques jours d'intervalle, la présidence collégiale du MoDem13 s'est signalée par une communication que d'aucuns pourraient trouver, au moins, discutable.
Première sensation curieuse à la lecture du communiqué de presse tombé dans ma boîte mail lundi dernier(1). Voici :
Hortefeux, le ministre de la honte
Le MoDem des Bouches du Rhône dénonce fermement les propos racistes tenus par le ministre Brice Hortefeux. Nulle personne de bonne foi ne peut sincèrement croire aux explications alambiquées du ministre. M. Hortefeux a démontré, s’il en était besoin, qu’il n’avait rien à envier au Front National et que le racisme ordinaire est bien ancré dans l’esprit de ceux qui nous dirigent aujourd'hui. Nous rappelons que les propos racistes sont un délit dans notre pays
Le MoDem n’oublie pas que Marseille a été aussi libérée par des français venus d’Afrique qui ont versés leur sang pour que nous puissions aujourd'hui vivre libre et nous exprimer…..au risque de se voir salir par un ministre de la république.
Saïd Ahamada
Vice président et porte parole du MoDem des Bouches du Rhône
Après avoir appris que la présidence collégiale avait été considérablement élargie (pourtant, il y avait déjà sept personnes...), on découvre que la fédération des Bouches-du-Rhône a un porte-parole. C'est toujours une bonne chose de se structurer, quoique...
La gestion du temps s'avère désastreuse. Oui, les propos du ministre sont navrants, mais tout le monde l'a déjà dit (en dehors de la droite UMPiste) et ce communiqué n'apporte rien (2). Le nouveau porte-parole se paie même le luxe d'ajouter une balourdise supplémentaire en évoquant la libération de Marseille en 1944... Ces faits changent-ils la nature des propos de Brice Hortefeux ? Et quand bien même Marseille aurait été libérée par les seuls Américains en 1944, cela absoudrait-il le ministre de l'Intérieur ? Non. On aurait pu, par contre, mettre en avant le facteur aggravant de la communication de crise de la place Beauvau. En plus des propos tenus, on a pris les électeurs pour des idiots en affirmant qu'il parlait des photographies ou des auvergnats. Cela rappelle presque un sketch des Inconnus. Interdit de rire...
Deuxième sensation curieuse aujourd'hui avec la déclaration du co-président et du délégué départemental du MoDem 13 (exit le porte-parole) à propos de la phrase de Jean-Claude Dassier sur sa présidence à l'OM qui ne sera ni « à la libanaise, ni à l'africaine ».
« Après les propos de Brice Hortefeux, ceux de Jean-Claude Dassier sont complètement déplacés et insultants pour Pape Diouf. Nous tenons à rappeler que Marseille est une ville multiculturelle, d'accueil, de solidarité et d'espérance ».
Peut-être y avait-il une intention malveillante de la part de Jean-Claude Dassier, mais il y a fort à parier, en l'occurrence, que cela concerne avant tout une rivalité d'ordre personnel. Et puis surtout, la déclaration n'est pas si absurde en soi. Le contraste entre la présidence libanaise, constitutionnellement faible et les présidences africaines, assez peu souvent démocratiques (voire autoritaires), paraît signifiant. Certes, cette déclaration, dans un contexte sans doute tendu (ce qui expliquerait la fuite), est malheureuse, mais fallait-il politiser cette affaire ? Le fait que Marseille soit « une ville multiculturelle » change-t-il quoique ce soit au fait qu'en dehors des pays comme le Ghana, l'Afrique du Sud ou le Sénégal, les états africains relèvent rarement de la démocratie libérale et pluraliste ? Les marseillais, quelle que soit leur origine, le savent.
La communication constitue une dimension obligée de l'action politique, mais encore faut-il le faire à bon escient. Entre suivisme et politiquement correct éculé, on cherche la pertinence et surtout l'originalité de ces dernières déclarations.
(1) À ce propos, malgré la date qui figure aujourd'hui sur le site de la Fédération (le 12 septembre), le communiqué n'y figurait pas lundi dernier, 14 septembre...
(2) Sauf erreur de ma part, le site national n'a pas jugé bon de faire apparaître de communiqué spécifique à ce sujet.
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