jeudi 31 décembre 2009

Bienvenue à l'Alliance pour l'Italie


Il y a un peu plus d'une semaine, si on se connectait au site de l'UDC, le parti de centre-droit de Pier Ferdinando Casini, un pop-up apparaissait souhaitant la bienvenue à l'API.



Cela a provoqué deux étonnements chez moi. Tout d'abord, même si les relations entre Casini et Rutelli sont apparemment bonnes, le départ de Bruno Tabacci de l'UDC pour l'API avait suscité toute une série de déclarations négatives... Curieux parcours, d'ailleurs, que celui de la Rose Blanche et de son ancien leader. Avant les élections de 2008, Bruno Tabacci et quelques autres quittent l'UDC (l'Union des démocrates-chrétiens et démocrates du centre) pour fonder le Mouvement fédératif civique populaire appelé aussi Rose Blanche. L'objectif consistait à regrouper les centristes qui souhaitaient s'allier avec le parti démocrate. Les choix stratégiques de ce dernier l'ayant conduit à ne s'allier qu'avec l'Italie des valeurs de l'ancien juge Di Pietro, finalement, la Rose Blanche s'était alliée avec l'UDC pour former l'Union de Centre. Malgré tout ce micmac, on peut comprendre la logique de Tabacci pour former un centre-gauche autonome plutôt que d'incarner une sensibilité plus sociale dans un parti de centre-droit.

La qualité des relations entre ces deux mouvements au centre de l'échiquier politique italien ne peut qu'interloquer un centriste français. L'API semble incarner le centre-gauche, d'origine sociale-chrétienne mais désormais laïcisé. Pour la presse anglo-saxonne, il s'agit de progressistes pragmatiques, appellation pour le moins fuligineuse à mon goût. On retrouve chez Francesco Rutelli la volonté de dépasser les clivages, de proposer une alternative aux reliquats de la sociale-démocratie italienne et au berlusconisme. En cela, il me paraît fondamentalement centriste. Or, le rapprochement semble en marche avec l'UDC qui incarne l'aile droite de l'ancienne Démocratie chrétienne. Cela est d'autant plus signifiant que leur dénominateur commun n'est pas un simple rejet du berlusconisme, l'adversaire désigné de l'UDC étant plutôt à chercher du côté de la Ligue du Nord. Ainsi, peut-être que l'année 2010 verra une recomposition du centre.

Deuxième source d'étonnement : le logo choisi pour l'API. Une fleur que j'ai d'abord pris pour une marguerite et qui en fait serait officiellement un fleur d'oranger, avec deux abeilles aux couleurs del'Italie. La fleur évoque assez clairement, il me semble, la filiation avec la Marguerite et les abeilles évoquent l'acronyme du parti (api signifiant abeilles). Selon les responsables du parti, ce logo évoque la sérénité... entre autre choses. Mais pour un français, on reste assez confondu devant une telle « audace » graphique. J'imagine toutes les moqueries qu'une pareille création aurait pu susciter ici. Il n'y a qu'à prendre les logos des trois partis issus du centre (MoDem, Alliance centriste et Nouveau centre) qui se contentent de mettre en scène leur nom et leurs couleurs pour se convaincre de son altérité.

Ce ne sont que des logos et, sans doute, le simple signe d'une différence culturelle, mais peut-être que les hommes politiques français du Centre seraient avisés de s'inspirer de leurs homologues italiens dans l'année qui vient.

mardi 22 décembre 2009

Un seul être vous manque...

La nouvelle n'a pas fait beaucoup de bruit, pourtant elle me semble lourde de conséquences. François-Xavier de Peretti a retiré sa candidature pour la tête de liste du Mouvement Démocrate en région PACA.

Cela constitue une drôle de surprise, ou plutôt un drôle d'éclaircissement. J'étais étonné que son nom n'ait pas fait partie des têtes de listes proposées début décembre alors que la chose paraissait entendue depuis bien longtemps. Déjà, lors des élections internes de septembre 2008, la rumeur courrait à propos de cette candidature. François-Xavier de Peretti avait (selon moi) l'expérience, le charisme et la notoriété pour mener ce combat électoral. Sauf à prendre un parfait inconnu comme Alain Dolium, l'éventail des possibles n'était, de toute manière, pas très large pour conduire pareille campagne mais peut-être fais-je preuve de bucco-rhodano-centrisme.

Contre toute attente, le leader du MoDem aixois s'est retiré. Or, pour l'avoir un peu côtoyé, il ne m'a jamais semblé faire face à quelqu'un de stupide ou de lâche, bien au contraire. Je vois donc dans ce refus une énième forme du délitement du MoDem, la raison invoquée - se tenir prêt au cas où l'élection municipale aixoise serait une fois de plus invalidée - ne me paraissant pas suffisante. A trois mois des échéances électorales, le parti de François Bayrou se cherche désespérément une tête de liste crédible. Même si j'ai quitté ce mouvement, cette nouvelle n'a rien de réjouissant...

L'électorat centriste se retrouve orphelin en PACA. Même si je n'ai pas compris ses choix depuis l'été dernier, François-Xavier de Peretti incarnait la filiation UDF du Mouvement démocrate. Il est douteux que l'Alliance centriste parvienne, moins d'un an après sa création, à monter des listes partout en France et le Nouveau Centre figurera sur celle du très à droite Mariani. Et ce ne sont pas les noms de Christophe Madrolle ou de Childéric Muller qui vont déchaîner mon enthousiasme...

lundi 21 décembre 2009

Vérité au-deçà des Alpes, erreur au-delà (?)

Pascal excusera ce piètre pastiche, mais l'adage relatif aux Pyrénées se prête bien à la déclaration de François Bayrou lors du congrès constitutif de l'Alleanza per l'Italia il y a dix jours à Parme.

Francesco Rutelli et François Bayrou co-présidant le PDE, la présence du leader du MoDem ne constitue pas vraiment une surprise. Quoique... On peut trouver cocasse qu'il assiste à la création d'un nouveau mouvement qui consacre l'échec de la fameuse stratégie à l'italienne de rapprochement entre le centre démocrate-chrétien et la gauche modérée (expression que je préfère à socio-démocrates, dont la définition me paraît trop imprécise). On peut trouver d'autant plus curieux le silence de la blogosphère démocrate (pour autant que je la connaisse) et plus encore du site officiel du mouvement qui ne fait aucune mention de cette participation. Or, le propos de François Bayrou n'était pas, semble-t-il, inintéressant. Sur le site de l'API, on peut y lire que (traduction approximative mais honnête par mes soins)  selon le président du MoDem : « Le bipolarisme est stupide. C'est un mensonge démocratique : le pluralisme consacre le pouvoir des citoyens et le bipolarisme celui des appareils ». On retrouve le discours de 2007, celui que l'on croyait perdu depuis l'été dernier, sacrifié sur l'autel du parlement de l'alternance.  

Je ne reviens pas sur les arguties et les contorsions démocrates entre maintien de l'autonomie tout en appelant à un rapprochement exclusif à gauche (mais parfois aussi avec une certaine droite... mais pas trop... la fameuse droite sociale). Après la disparition du corpus pour le congrès d'Arras de l' article de 2007 « Du centre au projet démocrate », l'invisibilité de cette déclaration en France ne fait que conforter ma sensation de malaise, de trouble, quant à la stratégie suivie par le MoDem.

Ce discours assourdi entre malgré tout en résonances, une nouvelle fois, avec les différents partis issus du Centre. Résumons : François Bayrou rappelle son exécration du bipartisme, mais de manière (quasi ?) honteuse, Hervé Morin découvre enfin que l'UMP, c'est le RPR, mais sans en tirer les conséquences, et enfin l'Alliance centriste rappelle par un communiqué de son porte-parole, Philippe Folliot, que « ce schéma binaire […] appauvrit l'offre et la réflexion politique ». Une nouvelle fois, donc, les centristes font preuve d'une certaine proximité sans parvenir, ni même chercher pour deux des trois formations précitées, le moindre rapprochement.

Le MoDem recherche son salut électoral à gauche, le Nouveau Centre ne s'agite médiatiquement que pour arracher quelques égards de la part de son maître UMP et l'Alliance centriste prêche dans le désert. Les mois passent, les impasses demeurent.