Le numéro 127 de la revue Commentaire, qui vient de paraître, contient un article très éclairant sur le scrutin de juin dernier dont voici quelques traits.
A droite, Pierre Martin note que les faibles résultats (27,9 %) pour l'UMP-NC « correspond eux aussi, contrairement à de nombreuses analyses, à un vote sanction contre le pouvoir gouvernemental et Nicolas Sarkozy », notamment par l'électorat ouvrier. L'auteur remarque également l'écart entre la droite française et ses homologues allemande (37,9 % pour la CDU-CSU) et italienne (34,7 % pour le PDL de Berlusconi), alors que ces trois partis se trouvent dans des situations très semblables.
Pour le PS, la déroute proviendrait de la défection de deux composantes de son noyau électoral : « les cadres moyens et supérieurs d'orientation culturelle libérale (les « bobos ») et les milieux populaires urbains à forte proportion de Français d'origine immigrée ». Les premiers ont voté Europe Ecologie, les seconds se sont largement abstenus. Du coup, les listes PS doivent leur salut à leur électorat traditionnel (« milieux ruraux de tradition gauche laïque, anciens milieux ouvriers »).
Enfin pour le centre, l'analyse des résultats recoupent quelques-unes des intuitions contenues dans ce billet.
"Au centre, le MoDem de François Bayrou subit un net échec, mais il est très exagéré de parler d'effondrement comme certains commentateurs, car il obtient quand même six sièges, les principaux candidats têtes de liste étant élus sauf dans la circonscription Centre où il n'y avait que cinq sièges en jeu. En fait, le MoDem obtient avec 8,5 % un résultat proche de celui des législatives (7,6 %), et cela n'est pas par hasard. Comme aux législatives de 2007, l'analyse des résultats montre que le MoDem ne rassemble que les suffrages des électeurs venant du centre droit, surtout de l'ancienne UDF, que François Bayrou a entraînés dans sa rupture avec la droite, mais qu'il a perdus au profit de l'UMP-NC la partie la plus droitière de l'électorat UDF de juin 2004. Il ne bénéficie pas significativement de suffrages venant de la gauche, y compris des électeurs qui avaient voté pour lui au premier tour de la présidentielle et étaient retournés vers le PS (et vers les Verts) aux législatives. Ce sont les listes écologistes menées par Daniel Cohn-Bendit qui ont absorbé les pertes socialistes. La géographie électorale du MoDem reste marquée par celle du centrisme : Ouest normand et breton, sud du massif central, Est alsacien et lorrain. François Bayrou paye sa forte implication dans la campagne sur des thèmes nationaux et sa polémique avec Daniel Cohn-Bendit. Son principal échec reste son incapacité à attirer des électeurs de gauche alors que le PS est en grande difficulté".
De quoi s'interroger sur la stratégie "démocrate" à l'œuvre depuis ces élections...
Toutes les citations sont tirées de l'article « Les élections européennes des 6 et 7 juin 2009 » de Pierre Martin, in Commentaire n°127, automne 2009.
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