mercredi 10 juin 2009

Après le désastre (1)

Le scrutin des Européennes a rendu son verdict. Avec un peu plus de 8,4 %, le MoDem se situe en-dessous des prévisions de la dernière semaine de campagne... au niveau de la liste Veil de 1989. Dire qu'il s'agit d'une déception relève de l'euphémisme, c'est d'un désastre dont il s'agit. Malheureusement, le titre de ce billet n'est pas aussi outrancier qu'il n'en a l'air.

Des euro-députés sortants n'ont pas été réélus : Anne Laperrouze, Bernard Lehideux, Jean-Marie Beaupuy et Nathalie Griesbeck a failli sublir le même sort si Jean-François Kahn n'avait pas démissionné. Ils n'avaient pas démérité dans leurs fonctions. Le gâchis de talents est donc avéré.

Un pareil échec est une nouveauté pour notre famille politique. Le courant modéré démocrate-chrétien avait réussi les derniers scrutins européens lorsqu'il était indépendant (1999-2004). Le vote sur des listes et à la proportionnelle à un tour permettent d'échapper à l'effet bipolarisant traditionnel que l'on rencontre habituellement en France. Or, ici, cela ne nous a été d'aucun secours. Pire, cet échec annonce des lendemains difficiles pour les prochaines échéances, notamment régionales. Les deux tours, la faiblesse relative du Mouvement et les choix difficiles qui se présentent à nous démocrates constituent autant d'embûches. Pour faire court, la configuration des régionales ne nous favorisent pas, aussi le MoDem pourra-t-il se relever d'un quatrième échec de rang ? Les Européennes auraient dû constituer une bouffée d'air frais dans cette séquence d'élections intermédiaires. Ce n'est pas le cas. Ce troisième échec accrédite donc aux yeux de l'opinion publique la thèse de l'impasse stratégique du MoDem.

Cela est d'autant plus cruel que le thème européen est un des fondements de notre identité politique. « Nous l'Europe » n'a pas mobilisé l'électorat modéré et démocrate-chrétien. La perte de 4 pourcents par rapport à 2004 pose question. Au lieu d'élargir le socle de l'UDF libre, la création du Mouvement semble avoir éloigné une partie de cet électorat traditionnel, sans qu'il soit remplacé réellement.

C'est enfin un désastre car cela semble sceller le sort du PDE. Le Parti du Travail lituanien perd 4 sièges (1 député). Le sort du MCC en Belgique n'est pas évident. Au mieux, conserve-t-il un élu. Le PNV basque semble avoir conservé un élu également. Cesta zmeny (République Tchèque) et le parti chypriote membre du PDE n'ont pas eu d'élu. A ce tableau déjà peu reluisant, on sait que le MoDem perd 5 de ses 11 élus... En tout, il n'y aurait que 9 députés PDE... rien de très engageant pour convaincre les députés du PD italien de continuer avec nous. Cet échec va donner du grain à moudre à la ligne de Piero Fassino. De plus, on ignore quelle est la proportion d'élus issus de l'ancienne Marguerite suivant la ligne de Francesco Rutelli (11 ? 10 ?). Le PDE est trop peu fourni pour former un groupe ou pour peser dans l'ADLE.

Les élections européennes auraient pu être une planche de salut... à chaud, la délégation MoDem fait figure de radeau de la Méduse.




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