Pascal excusera ce piètre pastiche, mais l'adage relatif aux Pyrénées se prête bien à la déclaration de François Bayrou lors du congrès constitutif de l'Alleanza per l'Italia il y a dix jours à Parme.
Francesco Rutelli et François Bayrou co-présidant le PDE, la présence du leader du MoDem ne constitue pas vraiment une surprise. Quoique... On peut trouver cocasse qu'il assiste à la création d'un nouveau mouvement qui consacre l'échec de la fameuse stratégie à l'italienne de rapprochement entre le centre démocrate-chrétien et la gauche modérée (expression que je préfère à socio-démocrates, dont la définition me paraît trop imprécise). On peut trouver d'autant plus curieux le silence de la blogosphère démocrate (pour autant que je la connaisse) et plus encore du site officiel du mouvement qui ne fait aucune mention de cette participation. Or, le propos de François Bayrou n'était pas, semble-t-il, inintéressant. Sur le site de l'API, on peut y lire que (traduction approximative mais honnête par mes soins) selon le président du MoDem : « Le bipolarisme est stupide. C'est un mensonge démocratique : le pluralisme consacre le pouvoir des citoyens et le bipolarisme celui des appareils ». On retrouve le discours de 2007, celui que l'on croyait perdu depuis l'été dernier, sacrifié sur l'autel du parlement de l'alternance.
Je ne reviens pas sur les arguties et les contorsions démocrates entre maintien de l'autonomie tout en appelant à un rapprochement exclusif à gauche (mais parfois aussi avec une certaine droite... mais pas trop... la fameuse droite sociale). Après la disparition du corpus pour le congrès d'Arras de l' article de 2007 « Du centre au projet démocrate », l'invisibilité de cette déclaration en France ne fait que conforter ma sensation de malaise, de trouble, quant à la stratégie suivie par le MoDem.
Ce discours assourdi entre malgré tout en résonances, une nouvelle fois, avec les différents partis issus du Centre. Résumons : François Bayrou rappelle son exécration du bipartisme, mais de manière (quasi ?) honteuse, Hervé Morin découvre enfin que l'UMP, c'est le RPR, mais sans en tirer les conséquences, et enfin l'Alliance centriste rappelle par un communiqué de son porte-parole, Philippe Folliot, que « ce schéma binaire […] appauvrit l'offre et la réflexion politique ». Une nouvelle fois, donc, les centristes font preuve d'une certaine proximité sans parvenir, ni même chercher pour deux des trois formations précitées, le moindre rapprochement.
Le MoDem recherche son salut électoral à gauche, le Nouveau Centre ne s'agite médiatiquement que pour arracher quelques égards de la part de son maître UMP et l'Alliance centriste prêche dans le désert. Les mois passent, les impasses demeurent.
Bien d'accord avec votre billet, une remarque importante, comme les médias avides de polémiques, vous voulez faire pencher le MoDem à gauche. Je n'ai pas du tout cette impréssion et les réunions chez Peillon, pas plus que le parlement de l'alternance (qui me parait rangé aux oubliettes) ne font incliner vers la gauche un MoDem qui a tout à gagner en se renforçant au centre.
RépondreSupprimerBonjour et bienvenue sur ce blog.
RépondreSupprimerSur le nécessaire renforcement au centre, je ne pense pas qu'il y ait la moindre épaisseur de différence entre nous.
En revanche, pour l'inclinaison actuelle du Mouvement démocrate, il me semble assez évident que les partenaires privilégiés par la direction nationale (et localement en PACA aussi) sont quasi exclusivement à gauche. Du coup, même si cela fait long feu (et cela en prend le chemin), il en restera quelque chose dans l'opinion et sans doute pas pour le bien du Mouvement. Croyez bien que je ne m'en réjouis pas.
Je vois plutôt dans le silence autour du discours de Parme une volonté de ne pas froisser d'éventuels alliés.