Il y a un peu plus d'une semaine, si on se connectait au site de l'UDC, le parti de centre-droit de Pier Ferdinando Casini, un pop-up apparaissait souhaitant la bienvenue à l'API.
Cela a provoqué deux étonnements chez moi. Tout d'abord, même si les relations entre Casini et Rutelli sont apparemment bonnes, le départ de Bruno Tabacci de l'UDC pour l'API avait suscité toute une série de déclarations négatives... Curieux parcours, d'ailleurs, que celui de la Rose Blanche et de son ancien leader. Avant les élections de 2008, Bruno Tabacci et quelques autres quittent l'UDC (l'Union des démocrates-chrétiens et démocrates du centre) pour fonder le Mouvement fédératif civique populaire appelé aussi Rose Blanche. L'objectif consistait à regrouper les centristes qui souhaitaient s'allier avec le parti démocrate. Les choix stratégiques de ce dernier l'ayant conduit à ne s'allier qu'avec l'Italie des valeurs de l'ancien juge Di Pietro, finalement, la Rose Blanche s'était alliée avec l'UDC pour former l'Union de Centre. Malgré tout ce micmac, on peut comprendre la logique de Tabacci pour former un centre-gauche autonome plutôt que d'incarner une sensibilité plus sociale dans un parti de centre-droit.
La qualité des relations entre ces deux mouvements au centre de l'échiquier politique italien ne peut qu'interloquer un centriste français. L'API semble incarner le centre-gauche, d'origine sociale-chrétienne mais désormais laïcisé. Pour la presse anglo-saxonne, il s'agit de progressistes pragmatiques, appellation pour le moins fuligineuse à mon goût. On retrouve chez Francesco Rutelli la volonté de dépasser les clivages, de proposer une alternative aux reliquats de la sociale-démocratie italienne et au berlusconisme. En cela, il me paraît fondamentalement centriste. Or, le rapprochement semble en marche avec l'UDC qui incarne l'aile droite de l'ancienne Démocratie chrétienne. Cela est d'autant plus signifiant que leur dénominateur commun n'est pas un simple rejet du berlusconisme, l'adversaire désigné de l'UDC étant plutôt à chercher du côté de la Ligue du Nord. Ainsi, peut-être que l'année 2010 verra une recomposition du centre.
Deuxième source d'étonnement : le logo choisi pour l'API. Une fleur que j'ai d'abord pris pour une marguerite et qui en fait serait officiellement un fleur d'oranger, avec deux abeilles aux couleurs del'Italie. La fleur évoque assez clairement, il me semble, la filiation avec la Marguerite et les abeilles évoquent l'acronyme du parti (api signifiant abeilles). Selon les responsables du parti, ce logo évoque la sérénité... entre autre choses. Mais pour un français, on reste assez confondu devant une telle « audace » graphique. J'imagine toutes les moqueries qu'une pareille création aurait pu susciter ici. Il n'y a qu'à prendre les logos des trois partis issus du centre (MoDem, Alliance centriste et Nouveau centre) qui se contentent de mettre en scène leur nom et leurs couleurs pour se convaincre de son altérité.
Ce ne sont que des logos et, sans doute, le simple signe d'une différence culturelle, mais peut-être que les hommes politiques français du Centre seraient avisés de s'inspirer de leurs homologues italiens dans l'année qui vient.